Mini-série « confinement » #2

En ces temps difficiles de confinement, on a tous tendance à passer des heures devant les écrans !
Alors pour changer un peu des infos angoissantes, je vous propose une petite série pour répondre à des questions qui me sont très souvent posées, et que vous vous posez peut-être !

« Quels moyens de communication sont disponibles à bord ?»

C’est assez simple, car il n’y en a pas beaucoup ! En effet, pour tous les Figaro, les règles interdisent de communiquer librement avec la terre. Que ça soit pour se faire aider par un météorologue comme pour appeler sa famille.

De plus, dans les communications entre concurrents, interdiction d’échanger sur la stratégie de course, et tous les skippers doivent pouvoir écouter une communication entre deux autres skippers !

Du côté des outils, j’ai à bord une radio VHF (en fait, une principale et deux portables…). Elle permet avant tout d’écouter la direction de course et le canal de sécurité. Elle peut servir aussi à contacter des cargos ou pêcheurs en cas de route de collision, des concurrents ou la direction de course en mer si besoin. (A savoir : n’importe qui peut écouter tout ce qui est dit sur les canaux de la radio !)

La VHF est surtout l’un des moyens d’alerte en cas de situation de détresse, mais sa portée est limitée aux bateaux alentours. (pour signaler une détresse, j’ai aussi des balises dont je parlerai peut-être une autre fois !)

Je dispose aussi d’un téléphone par satellite. Sur la Solitaire du Figaro, son utilisation est limitée aux appels avec la direction de course et avec les journalistes présents à bord du bateau de la direction de course (et bien sûr je peux l’utiliser en cas de détresse !). Pour s’assurer du respect de ces règles de communications, les cartes SIM sont fournies par l’organisation, et les listings d’appels sont vérifiés chaque jour !

Voilà ! C’est assez limité, pas d’internet pour envoyer des images et vidéos à la terre, ce qui changera sûrement !
Pas de coup de fil aux copains en cas de baisse de moral par exemple, et ça fait partie du charme de cette course !

Benoît en plein communication photographe : Alexis Courcoux

« Quels sont les risques en course au large en Solitaire ?»

Benoît en stage de survie

Être seul en mer sur un voilier de course peut générer pas mal de situations à risques… Les secours ne sont pas forcément à proximité donc il faut être le plus autonome possible dans la gestion de sa sécurité .
En pleine mer, les mieux placés pour me porter assistance sont… mes concurrents ! Et inversement ! Au-delà de l’aspect compétition, tous les skippers gardent un œil les uns sur les autres, préviennent de trajectoires anormales d’autres bateaux etc.
C’est une vraie particularité de notre sport : nous sommes en solitaire et concurrents, mais collectivement responsables de notre sécurité !

Je vais essayer de présenter rapidement quelques risques principaux auxquels je suis confronté en mer !

D’abord, l’ »homme à la mer » est le danger majeur en solitaire, car personne ne fera demi-tour avec notre bateau pour venir nous récupérer ! Tomber à l’eau est donc très souvent fatal… Donc première chose : je m’attache au bateau, au moins dans les manœuvres et dès qu’il y a du vent. D’autre part, je porte sur moi en permanence la télécommande de mon pilote automatique. Elle possède un mode « homme à la mer » : si elle n’est plus à portée du bateau, le pilote s’embraye et place le bateau face au vent pour qu’il s’arrête. Donc même s’il est déjà trop loin pour que je le rattrape, les autres concurrents ou l’organisation détecteront qu’il y a un problème.
Ensuite, je porte aussi sur moi deux balises de positionnement que je peux déclencher pour donner ma position.

L’incendie peut aussi être dramatique, car une coque d’un voilier en matériaux composites peut brûler en quelques minutes ! Je fais donc très attention quand je manipule mon réchaud. Le moteur ou l’électricité du bord peuvent aussi causer des incendies. J’ai deux extincteurs accessibles facilement. C’est à peu près tout ce que je peux faire !
Ensuite, il y a les risques de collision, d’échouage etc. qui peuvent générer des voies d’eau allant jusqu’à avoir mon bateau qui coule. Les collisions ne sont pas rares (il y en a chaque année sur le circuit Figaro !) mais les conséquences ne sont pas souvent si catastrophiques (bon, un figaro a coulé en 2019 et un autre détruit après s’être échoué sur des rochers).
Pour finir, les mêmes risques qu’à terre existent, et sont décuplés par l’environnement d’un voilier et l’éloignement. Ce sont les blessures, les maladies etc. Il faut donc toujours garder en tête qu’une blessure bénigne à terre avec un hôpital à moins de 30 minutes peut vite devenir catastrophique en mer !

Alors pour se préparer à tout ça, je suis des stages de survie et de premiers secours réguliers, je me repasse les procédures de sécurité. Avant chaque course, un briefing nous donne aussi une bonne piqure de rappel.
La formations et l’entrainement sont indispensables, dans ce domaine-là aussi !

« Combien de personnes composent ton équipe ?»

En effet, je suis seul en mer, mais de nombreuses personnes de compétences très variées interviennent sur mon projet en amont et rendent mes aventures possibles !
Ce sont des spécialistes et des passionnés, et c’est donc vraiment super agréable et très enrichissant de travailler avec tous ces gens au quotidien !

D’abord, Romain, le préparateur technique du bateau : tout au long de la saison, il s’assure que le bateau soit toujours en parfait état de naviguer pour les entrainements et les course. Et le travail ne manque pas, il y a toujours du boulot sur un bateau de course, et je suis plutôt du genre exigeant. Il faut repérer les usures de pièces, anticiper le remplacement de ce qui casse le plus fréquemment, réparer quand il y a des pépins. Et trouver du temps pour améliorer et optimiser !
Pendant une Solitaire du Figaro, le temps entre deux étapes peut être très court. Il doit remettre le bateau en état de prendre le départ de l’étape suivante, plonger pour nettoyer la coque etc. Un vrai marathon pour lui aussi !

Une personne clé de ma saison est Tanguy, mon entraineur. Nous avons commencé à travailler ensemble en 2010, quand je préparais la Mini Transat La Boulangère 2011 ! C’est lui qui organise les stages d’entrainement sur l’eau. De son zodiac, il peut à peu près tout voir ! Les réglages des voiles, la rapidité d’exécution des manœuvres etc. Mais il a aussi une vision plus globale de mon projet, et me conseille sur la planification, la performance, la technique.

Pour la communication, Stacha travaille avec moi depuis plusieurs années. Je suis souvent soit très pris par les aspects techniques de mon projet, soit je suis en mer. Ça n’est donc pas toujours facile de raconter mon aventure donc Stacha m’y aide en gérant mon site web, mes réseaux sociaux, l’envoi de newsletters et communiqués de presse etc.

De nombreuses autres personnes gravitent autour de mon projet : Fred Duthil et Benoît Hantzperg de la voilerie Technique Voile, Stéphane Eliot, préparateur physique, les météorologues et routeurs de Lorient Grand Large.
Et aussi les très nombreuses personnes qui interviennent sur mon bateau pour l’électronique, l’informatique, le matelotage etc.

Seul à bord certes… mais pas à terre ! photographe : Alexis Courcoux

Si vous avez des questions à poser à Benoît, n’hésitez pas !! Vous pouvez le faire via le formulaire de contact.